Victime de surmenage et d'une commotion cérébrale l'année dernière, Courtney Sarault a raté une partie de la dernière saison de patinage de vitesse courte piste. Mais après beaucoup de repos et quelques ajustements, la Néo-Brunswickoise est au sommet de sa forme.
Sarault a remporté les épreuves de 500 m et 1000 m des Championnats canadiens, mercredi à l'aréna Maurice-Richard, conservant sa fiche parfaite après six des neuf courses de la compétition.
Au terme des Nationaux, Patinage de vitesse Canada retiendra 12 patineurs – six chez les femmes, six chez les hommes – qui représenteront l'unifolié lors des quatre étapes du Circuit mondial cette saison.
Avec ses victoires, Sarault a ainsi officieusement mis la main sa place dans l'équipe nationale, puisqu'elle est assurée d'être championne canadienne sur les trois distances. Il s'agit d'un revirement de situation après deux années plus difficiles pour elle.
« À un moment, j'ai arrêté de croire que je pouvais revenir au même niveau, a raconté Sarault, visiblement fière d'elle. Je cherchais la vieille version de moi. Puis, un jour, j'ai réalisé que ce n'était pas bénéfique. Donc j'ai changé d'idée et j'ai créé une nouvelle version de moi-même beaucoup plus forte, capable d'en prendre.
« Quand tu traverses des moments difficiles, je crois que j'ai prouvé qu'on peut s'en sortir si on prend les choses une journée à la fois », a-t-elle ajouté.
Ces succès de Sarault ne sortent pas de nulle part. Dès son retour à la compétition, l'hiver dernier, elle avait remporté le 1500 m à Tilburg, aux Pays-Bas, où se déroulait la cinquième de six étapes du Circuit mondial. Il s'agissait de sa quatrième médaille d'or dans cette compétition, anciennement connue sous le nom de Coupe du monde, mais d'une première depuis 2023.
Elle a poursuivi sur sa lancée avec deux médailles d'argent, soit au 1000 m et au 1500 m, lors des Championnats du monde.
« J'ai commencé à me sentir mieux à la fin de la dernière saison, aux Mondiaux, a-t-elle révélé. Et puisque j'ai pu (obtenir ces résultats), j'ai commencé à retrouver ma confiance et à me dire: "Je peux le faire". Je suis capable de faire des choses que je n'ai pas pu faire au cours des deux dernières années. »
Si, de l'extérieur, sa progression depuis son retour paraît impressionnante, le directeur haute performance de courte piste de Patinage de vitesse Canada, Marc Schryburt, ne voit pas les choses de la même façon.
« C'est sûr que vous voyez juste les journées de courses ou de compétitions, mais nous, on voit la progression, je te dirais, depuis janvier dernier, a-t-il fait valoir. On voyait aussi durant l'été une progression toujours aussi constante, donc pour nous, il n'y a pas de surprise. »
Travaillant de concert avec Sébastien Cros, responsable de la planification de l'entraînement général, et les autres entraîneurs de l'équipe, Sarault a su établir ses propres limites et les communiquer.
« Je suis beaucoup plus intelligente avec mon corps, alors je gère beaucoup mieux les choses. Donc quand je suis fatiguée et que je sens que je suis dans le rouge, je suis capable d'arrêter et de le dire, a-t-elle expliqué. Avant, je ne pouvais pas, je me mettais de la pression pour compléter les programmes d'entraînement. »
Ce retour en force arrive à point pour Sarault, alors que les Jeux olympiques de Milan-Cortina auront lieu cet hiver. Elle est en quête d'une deuxième participation.
Aux Jeux de Pékin, en 2022, elle avait pris le 11e rang au 1000 m et au 1500 m. Son objectif est de faire mieux, si elle réussit à se qualifier.
« Je ne veux pas seulement aller aux Olympiques, mais y performer, a-t-elle déclaré. Si je garde ma bonne attitude et ma forme physique, je crois que j'ai de bonnes chances d'être un espoir de médaille. C'est mon objectif ultime. »
Une guerre à prévoir
Après trois jours de compétition sur cinq, la lutte demeure féroce aux Nationaux.
Avec quatre victoires, dont deux au 500 m, William Dandjinou, détenteur du globe de cristal au terme de la dernière saison du Circuit mondial, sera retenu au sein de l'équipe. Félix Roussel, deuxième au classement général, sera difficile à déloger.
Autant chez les hommes que chez les femmes, les trois meilleurs patineurs de chaque distance se qualifieront, puis deux autres places seront décernées selon le classement général. Ces deux places supplémentaires pourraient toutefois être remises à des patineurs blessés qui en font la demande.
Dominants au sein du Circuit mondial l'année dernière, Steven Dubois et Jordan Pierre-Gilles devraient logiquement être repêchés. Dubois est aux prises avec une blessure au muscle ischio-jambier, tandis que Pierre-Gilles souffre d'une commotion cérébrale.
Chez les femmes, Rikki Doak, qui a également reçu un diagnostic de commotion, pourrait aussi demander sa place, elle qui a remporté un 500 m lors de la Coupe du monde de 2023 et qui était membre de l'équipe canadienne du Circuit mondial l'année dernière.
Plusieurs jeunes patineurs tentent par ailleurs de s'imposer au sein de l'équipe. À Kim Boutin, Florence Brunelle et Danaé Blais s'ajoutent Ann-Sophie Bachand et Victoria Jean-Baptiste parmi les femmes au cœur de la lutte. Chez les hommes, Mathieu Pelletier, champion du monde junior en titre au 500 m, s'invite à la course, en compagnie de Philippe Daudelin et Maxime Laoun, entre autres.
La sixième place sera remise de façon discrétionnaire.
« Il y a à peu près huit athlètes chez les gars et huit chez les filles qui peuvent avoir des courses extraordinaires. Le niveau est très fort: ces huit-là seraient sur n'importe quelle équipe olympique ailleurs », a avancé Schryburt.
Des 12 patineurs canadiens, 10 pourraient se qualifier pour les Jeux olympiques si le Canada va chercher le quota maximum.
« On va nommer nos tops-6 pour le Circuit mondial, et après ça, on va à la guerre », a ajouté Schryburt.
Mais chaque chose en son temps. Les Nationaux se poursuivront samedi avec la tenue du troisième 1000 m, puis se concluront dimanche avec les derniers 1500 m et 500 m.