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Sans pression, sur les plus grands circuits du monde

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Ils sont rares les pilotes québécois qui peuvent parcourir le monde pour participer aux plus grandes courses automobiles. Malgré un parcours un peu atypique, Zacharie Robichon est l'un de ceux-là.

C'est que, comme la plupart de ses confrères pilotes, Robichon a passé son enfance près des pistes. Sauf que dans son cas, ce sont les pistes de ski qui occupaient son quotidien.

« Je faisais des courses de ski jusqu'à 16 ans. Je faisais un peu de karting, mais pas grand-chose. Puis, en 2013, quand j'étais à l'université, mon père et moi, on a décidé de faire une saison en Formule Ford. Seulement une, juste pour voir », a-t-il partagé en entrevue avec RDS.

« J'ai jamais cru que ça deviendrait ma carrière, et je pense que c'est un peu grâce à ça que j'ai connu du succès », explique Robichon en se remémorant ses débuts tardifs dans le monde du sport automobile.

Du succès, il en connait, particulièrement cet été avec un calendrier bien rempli. En juin, par exemple, Robichon a participé à trois courses d'importance en autant de semaines. Tout d'abord, sa voiture s'élançait de la position de tête lors des 24 Heures du Mans. À sa quatrième participation à la classique mancelle, le Québécois a terminé quatrième dans sa catégorie avec l'Aston Martin de l'équipe « The Heart of Racing ». S'il admet avoir ressenti une déception d'avoir terminé cette épreuve mythique si près du podium, il reconnait aussi avec le recul qu'il s'agit tout de même d'un bon résultat.

« J'ai quand même terminé quatrième au 24 heures du Mans, peut-être que ce n'est pas si pire », finit-il par dire.

Une semaine plus tard, Robichon et ses coéquipiers s'imposaient lors des six heures de Watkins Glen, aux États-Unis, une manche du championnat nord-américain d'endurance, l'IMSA. « C'était vraiment le fun pour moi, car c'était ma première victoire avec Aston Martin. »

De retour sur le vieux continent quelques jours plus tard, Robichon a ensuite remporté les 24 Heures de Spa en Belgique lors d'une course hors-championnat avec l'équipe de Kessel Racing, au volant d'une Ferrari 296 GT3 qu'il conduisait pour la première fois.

« C'était ma deuxième participation aux 24 Heures de Spa. La première fois, ça ne s'était pas bien passé, je n'ai même pas eu le temps d'embarquer dans la voiture. Donc, cette année, je me suis dit que ce serait le fun de simplement participer, mais je me suis vite rendu compte qu'on avait une bonne voiture. On a eu une bonne course, une course propre, et on était premiers au bout des 24 heures. »

Ajoutez à cela un podium récolté en janvier lors des 24 heures de Daytona, et vous avez un palmarès 2025 déjà bien rempli pour le pilote de 33 ans.

Aux premières loges d'un grand projet

Avec The Heart of Racing, Robichon conduit une voiture de type GT3, soit une Aston Martin Vantage. Toutefois, son équipe opère également les activités de la Valkyrie AMR qui participe au championnat du monde d'endurance (WEC) et en IMSA dans la catégorie Hypercar.

Cette voiture, qui en est à sa première saison en compétition, fait tourner les têtes partout dans le monde par son look agressif et surtout, par le rugissement de son moteur V12 qui résonne sur les circuits comme un écho d'une époque qu'on croyait révolue en sports automobiles.

Robichon n'est pas impliqué directement dans le projet. Pour le moment, il dit n'avoir fait que quelques tours en simulateur. Toutefois, il est aux premières loges de ce grand programme pour Aston Martin.

« C'est le fun parce qu'on travaille étroitement avec eux. Ce n'est pas comme si on était séparés. On fait nos debriefs ensemble, tous les pilotes sont ensemble. Non, je ne fais pas directement partie de cette équipe-là, mais je vois tout ce qui se passe. Je pense que la voiture a beaucoup de potentiel. Ce n'est pas la plus facile à conduire, mais ça s'améliore. »

Vainqueur également des 24 heures de Daytona en 2022, est-ce que le fait de se retrouver si près d'un projet de cette ampleur lui donne le goût de faire le saut en Hypercar? Pas vraiment. Car, pour celui qui possède également sa propre entreprise, le sport automobile, c'est d'abord et avant tout un hobby. Un hobby qu'il prend très au sérieux, certes, mais qui ne définit pas non plus toute sa vie.

« Je suis pas mal content où je suis, honnêtement. Il y a un peu moins de stress quand tu n'es pas dans les plus grosses catégories. Pour moi, le fait que j'ai un travail à la maison, ça fait en sorte que je m'amuse beaucoup plus quand je cours. Je ne veux pas être dans une situation où je vais courser les fins de semaine pour être capable de vivre ma vie.

Le stress et la pression qui vient avec ça, ça change l'allure complètement de ce qu'on fait. Donc, oui, tu gagnes un peu d'argent ici et là, mais ce n'est pas ça qui paye mon hypothèque. Et je ne veux pas que ça le devienne, car les choses changent très rapidement dans le monde du sport automobile », explique-t-il.

En fait, la gestion du stress et de la pression est au cœur des succès de Robichon. Il a du plaisir au volant, et c'est ce qui compte le plus pour lui. Ce ne fut d'ailleurs pas toujours le cas. Il a dû approcher le sport automobile avec une vision différente, une vision qui lui permet notamment de rester plus concentré mentalement pendant les courses de 24 heures.

« Quand je pense à quand j'étais plus jeune, quand je faisais des courses de ski, j'étais toujours stressé. Puis, j'ai appris des problèmes que j'avais plus jeune. J'étais toujours stressé, je faisais des erreurs et je mettais toute la pression sur moi.

Maintenant, j'essaie vraiment juste de me dire que je suis là parce que je veux être là, que j'ai toujours voulu faire ça et que je suis content d'y être. J'essaie juste de vivre l'expérience.

Au volant, c'est tellement spécial de conduire sur des circuits comme Le Mans, alors je suis ok. Puis, entre les relais, il n'y a rien à stresser parce qu'il n'y a rien que tu peux faire de plus pour aider l'équipe ».

Donc, pas de stress inutile pour Robichon, mais ça ne vient pas avec un manque d'ambition, lui qui indique qu'il a toujours un nouvel objectif en tête. Et son objectif actuel est clair.

« Là, il faut que j'obtienne un podium au 24 Heures du Mans. C'est simple, c'est ça le prochain objectif. »

« Au début, je voulais simplement participer aux 24 Heures de Daytona. Finalement, j'y ai obtenu une victoire en 2022. Je voulais participer au Mans, je l'ai fait quatre fois. Je voulais faire Spa, je l'ai gagné aussi. »

« Mais il faut vraiment que je réussisse un podium aux 24 Heures du Mans. »

On dit souvent que Le Mans choisit lui-même ses vainqueurs. On ne peut que souhaiter au sympathique québécois que cette opportunité se présente à lui plus tôt que tard.

Mais d'ici là, il pourra continuer d'avoir du plaisir sur les plus grands circuits du monde, profitant d'une opportunité qu'il ne pensait jamais obtenir il y a à peine quelques années.