Un feu d'artifice pour commencer : dans un final détonnant, Tadej Pogacar a frappé fort d'entrée pour remporter la première étape du Dauphiné dimanche à Montluçon devant les trois autres super vedette du plateau.
On attendait énormément de cette 77e édition, mais on pensait quand même attendre jusqu'au chrono de mercredi voire la fin de semaine dans les Alpes pour observer la constellation d'étoiles se faire la guerre et marquer leur territoire à trois semaines du Tour de France (5-27 juillet).
Au final, le big bang a lieu dès le premier jour pour un incroyable combat de catch dans les rues de Montluçon, remporté une nouvelle fois par Pogacar, au sprint, devant Jonas Vingegaard, Mathieu van der Poel et Remco Evenepoel, juste devant le reste du peloton.
« C'est ça le cyclisme moderne, on ne sait jamais à quoi s'attendre », a réagi Evenepoel, en ayant une pensée émue pour les sprinteurs dont les équipes ont travaillé toute la journée pour rien.
« Je ne m'attendais pas à ça. Je m'étais préparé à filer rapidement au bus à l'arrivée pour prendre une douche et profiter de la fin de journée », a abondé le vainqueur du jour avant d'aller endosser le maillot jaune sur le podium et se soumettre au protocole.
Vingegaard, l'attaquant
« Je n'ai jamais attaqué aujourd'hui, je me suis contenté de suivre les mouvements, notamment lorsque Jonas (Vingegaard) a lancé les hostilités. Je suis content pour lui. Ça montre qu'il est en forme, qu'il a faim et qu'il a envie de s'amuser sur le vélo », a ajouté le champion du monde.
Une fois n'est pas coutume, c'est en effet le Danois, le plus conservateur de la bande, qui a attaqué au sommet de la courte mais très raide côte de Buffon, placée à six kilomètres de l'arrivée. Pogacar a aussitôt sauté dans sa roue, tout comme Van der Poel.
Un peu plus loin, Evenepoel, qui ne s'attendait pas à cette offensive, a rapidement bouché le trou avec le Colombien Santiago Buitrago.
On s'est retrouvés alors avec la vision déroutante d'une échappée royale, coursée par un peloton abasourdi qui, au bout d'un final en descente, viendra mourir à quelques centimètres.
Des cinq échappés, Mathieu van der Poel est intrinsèquement le plus fort au sprint - « et de loin », selon Evenepoel - ce qui au passage a encouragé Vingegaard à ne pas vraiment collaborer, persuadé d'avoir plus à perdre qu'à gagner dans cette affaire.
Van der Poel « à la limite »
« Je perds d'ailleurs quatre secondes de bonifications sur Tadej ce qui est moins bien. Mais je suis content d'avoir réussi à grappiller moi-même des bonifications. Ca reste une bonne journée. Et je n'aurais jamais imaginé finir deuxième d'un sprint massif », a souligné le Danois.
Van der Poel, lui, n'avait « juste pas les jambes ». « Lorsque Jonas a attaqué au sommet avec Tadej dans sa roue, je n'avais pas d'autre choix que de les suivre. Mais j'étais vraiment à la limite. J'espérais récupérer dans la descente. Ca n'a pas été le cas », a expliqué le Néerlandais qui revient tout juste d'une blessure après avoir subi une petite fracture à la main le 25 mai.
Pogacar s'impose ainsi dès sa course de reprise, lui qui n'avait plus couru depuis son triomphe à Liège-Bastogne-Liège le 27 avril, pour signer sa 96e victoire, la huitième déjà cette saison.
« Ne vous inquiétez pas, je vais bientôt prendre ma retraite, à la fin de mon contrat », qui court jusqu'en 2030, a plaisanté le champion du monde.
« Quelque part mon Dauphiné est déjà réussi, a-t-il ajouté, mais c'est trop tôt pour dire si ma forme est incroyable. On verra en fin de semaine. »
Elle s'annonce exceptionnelle au vu de la forme et des intentions affichées par les quatre fantastiques dimanche à Montluçon.