MONTRÉAL – Quand A.J. Brown a été filmé lisant un livre, sur les lignes de côté, en plein match des Eagles de Philadelphie, le gardien québécois Devon Levi a affiché un grand sourire.
Un sourire avec une pointe d'envie.
« C'était tellement cool. Ça en dit long à propos de comment le mental ou ta mentalité peut influencer tes performances », a réagi Levi quand on lui a confié avoir pensé à lui, puisqu'il est friand de lecture, en regardant cette scène.
« J'ai aussi beaucoup aimé apprendre que Jayden Daniels (le quart recrue des Commanders de Washington) utilise des lunettes de réalité virtuelle pour s'entraîner. Je le fais depuis 2021 et je n'ai pas vraiment entendu parler d'autres athlètes qui font ça. Cette approche l'a beaucoup aidé, c'est cool », a poursuivi le Montréalais de 23 ans.
À la fois sur un ton sérieux et blagueur, Levi a expliqué qu'il a failli traîner un bouquin jusqu'au banc de son équipe.
« J'y ai pensé quand je suis réserviste. Parfois, je ne suis pas sur le banc, mais plutôt comme dans les gradins. Quand je m'ennuie un peu, comme dans les pauses publicitaires, je pourrais le sortir. Est-ce que j'ai le droit? Je ne pense pas. Mais en le voyant lire, durant une partie, je me suis demandé si je pouvais le faire », a dévoilé Levi.
Cette affirmation peut en étonner certains, mais pas ceux qui connaissant l'importance qu'il accorde à l'aspect psychologique de son métier pour afficher la constance désirée.
Voilà justement le plus grand objectif de Levi et le chantier sur lequel il travaille. Pour une deuxième saison consécutive, le choix de septième ronde en 2020 brille dans la Ligue américaine de hockey et il lui reste à transposer le tout dans la LNH.
« Ça se passe mentalement. Je veux être une force devant le filet. Que mes coéquipiers sachent que je vais faire l'arrêt », a mentionné celui qui a déjà obtenu 35 départs, dont 8 avec les Sabres, en 2024-2025.
Devon Levi 👀 pic.twitter.com/qpdZQ8kkPJ
— The Sabre Report (@TheSabreReport) January 4, 2025
« Je joue beaucoup, c'est très bénéfique pour mon développement. Je peux atteindre un autre niveau », a ciblé Levi qui s'est dépêché après l'entraînement du club-école des Sabres pour ne pas retarder l'entrevue.
Même s'il a été invité au Match des étoiles de la LAH et qu'il a été une « rock star » toute la saison selon son entraîneur Michael Leone, Levi a connu un petit creux le week-end de la Saint-Valentin. Il a notamment alloué quatre buts sur onze lancers au Rocket de Laval qui était en visite à Rochester.
« J'ai probablement joué mes deux moins bons matchs de la saison. Je me dis que je n'étais pas dans le coup, mais juste l'instant d'un week-end et ça arrive. C'est du vécu, une autre occasion d'apprendre », a analysé Levi qui a rebondi avec deux blanchissages consécutifs grâce à de petits ajustements.

Les 7 et 8 mars, pour clore la semaine de relâche, Levi aura l'occasion de se reprendre à la Place Bell, le deuxième aréna dans lequel il se sent à la maison.
Levi se visualise avec le Canada
Cette saison, Levi a bien ajusté sa routine en fonction des rigueurs du calendrier professionnel et il se retrouve dans un état d'esprit allégé. Oui, les Sabres l'ont rappelé pour disputer des matchs, mais son mandat demeure d'assembler toutes les pièces du casse-tête pour parvenir, éventuellement, à s'imposer dans la LNH.
« Il y a des joueurs plus talentueux, mais ça demeure du hockey et j'y joue depuis toute ma vie. Quand je suis à mon meilleur, que ce soit dans la LNH ou la LAH, c'est la même chose pour moi », a prononcé l'ancien des Lions du Lac St-Louis.
S'établir dans la LNH, c'est le but. Mais ses ambitions visent plutôt l'élite de la LNH qui a participé à la Confrontation des 4 nations.
« Quand je regarde les matchs, je me vois devant le filet. C'est un rêve pour moi et je me pratique chaque jour pour y parvenir. C'est difficile pour les gardiens, c'est tout un défi, ça exige un autre niveau intellectuel pour savoir quand ces joueurs vont tirer ou passer », a exposé Levi qui fait partie de la relève canadienne devant le filet.
Il va de soi que Levi, encore plus avec son côté analytique, étudie quelques gardiens et particulièrement Juuse Saros qui l'inspire. Il peut également apprendre des épreuves vécues par Cayden Primeau qui peine, pour l'instant, à reproduire son brio de la LAH dans la LNH.
« Ce n'est pas quelque chose de technique qui va faire la différence, mais comment ça se passe dans ta tête. C'est bien de regarder les autres, mais c'est plus important d'être fidèle à tes aptitudes sans essayer d'être comme tel ou tel gardien », a conclu Levi qui fascine justement par son unicité.