LAVAL – Aussitôt que Jacob Fowler est apparu dans le nuage de fumée qui masquait l'entrée du tunnel menant au vestiaire du Rocket, Pascal Vincent s'est retrouvé sur la sellette. La décision de l'entraîneur-chef allait être trop facile à critiquer si son gardien recrue devait passer à côté de son mandat.
Et c'est exactement ce qui s'est produit. Fowler a accordé quatre buts sur seulement 14 tirs avant d'être ramené au banc. Certaines de ses fautes ont été circonstancielles. Devant lui, ses coéquipiers ont été indisciplinés et négligents. Il ne mérite certainement pas d'être traîné sur l'échafaud pour l'incapacité du Rocket à assurer sa place en finale de l'Association Est vendredi.
Mais les questions quant à la pertinence de sa convocation, à un moment aussi critique de la saison, sont valides.
Cayden Primeau avait été presque parfait dans le troisième match de la série contre les Americans de Rochester deux jours plus tôt. Il avait inspiré confiance et livré le résultat attendu. La logique aurait voulu qu'on lui redonne le filet. Après tout, il en était sorti vainqueur 21 fois, en 26 départs, dans le dernier droit de la saison régulière.
Vincent, conscient plus que quiconque de l'enjeu, a néanmoins choisi de maintenir le système d'alternance. Une décision qu'il a défendue dans son bilan d'après-match en rappelant le rôle qui vient avec sa position dans l'organisation du Canadien, celui de préparer la relève.
Pour ceux qui auraient besoin de contexte, Primeau sera joueur autonome avec compensation cet été et ni ses performances dans la Ligue nationale, ni la façon dont il a été traité dans la dernière année ne laisse croire qu'il a un avenir à Montréal. Fowler, un choix de troisième ronde en 2023, est considéré comme l'une des pépites de l'organisation.
« Tu ne développes pas juste quand ça fait l'affaire. Il faut les voir, nos jeunes. Au même titre qu'on joue [David] Reinbacher ou [Adam] Engström... il est venu avec nous autres pour jouer au hockey. C'est un bon gardien de but », a expliqué Vincent.
L'entraîneur a fait l'énumération des buts accordés par Fowler sur un ton qui laissait peu de doute quant à la proportion du blâme qu'il lui attribuait dans la défaite.
« Moi je suis très confortable avec la décision et je suis loin de blâmer Jacob. On ne développe pas juste quand ça fait notre affaire. Dans le sens que c'est dans ces matchs-là qu'il faut qu'on le voie. C'est dans ces matchs-là qu'il faut qu'on voie comment nos jeunes vont réagir. Il faut qu'ils vivent ces expériences-là. C'est pour ça qu'on veut faire les séries, pour mettre nos jeunes joueurs dans des positions comme ça. »
« On est conscients des statistiques de Primeau. On est conscients de tout ça. Mais en même temps, c'était notre plan et j'ai aimé comment Fowler a réagi. Il était sur le banc, il était vocal, il supportait ses joueurs. Ce sont des moments où on peut évaluer nos joueurs. »
Un confrère a demandé s'il était possible que Fowler ait été intimidé par l'ampleur du moment. Vincent a plutôt argué que son poulain était bâti pour des défis comme celui-là.
« C'est ce qu'il a fait dans le passé. Je me fous dans quelles ligues il l'a fait, il a prouvé qu'il pouvait le faire. On n'a pas bien joué devant lui. Je ne passerai pas beaucoup de temps à évaluer son match parce que je ne pense pas qu'il méritait le genre de match qu'on a joué devant lui. »
Une pointe envers Levi
En plus de se porter à la défense de son gardien, Vincent s'est permis une petite pointe envers celui de l'adversaire.
Devon Levi a été impérial dans le quatrième match. Il a excellé, en fait, exactement dans le même contexte où Primeau avait brillé deux jours plus tôt. Alors que son équipe jouait avec l'avance, il a fermé la porte devant les tentatives répétées du Rocket de remonter au pointage. S'il est dans une mauvaise soirée, on se retrouve avec un match en deuxième période.
En coach d'expérience, Vincent s'est toutefois permis d'exprimer un irritant qu'il voudra sous surveillance dans le match ultime.
« C'est un gars qui est très rapide. Il est aussi très bon pour attaquer nos joueurs et à se pitcher partout! Il a fait ça une couple de fois. Je le trouve pas pire là-dedans. »
Levi a chuté en fin de première période sur un contact avec Alex Barré-Boulet. Ce dernier a été puni pour obstruction pour son geste.
Il faudra voir si la déclaration de Vincent se rendra aux oreilles du cerbère montréalais... et des arbitres.