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Stéphane et Jasmin, un duo père-fils tombé dans la potion magique

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Il est 8 h 30, quelque part dans un quartier résidentiel de la rive-sud de Montréal. Jasmin Leroux débarque chez son père Stéphane, accompagné de son golden retriever Tiger. Le trio amorce sa promenade quotidienne dans les rues avoisinantes.

« Le matin, on marche. On parle de job, de sports, de notre ligue de balle où on joue ensemble, de golf. C'est mon meilleur chum, j'ai pas peur de le dire. C'est la personne que je vois le plus souvent » explique le paternel qui vient de célébrer ses 35 ans de carrière à RDS.

Fraichement diplômé de l'École supérieure en Art et technologie des médias (ATM) du cégep de Jonquière, Stéphane a fait son entrée officielle au Réseau des Sports le 28 mars 1990 et est devenu une référence en matière de hockey junior majeur. Il a toujours eu la ferme conviction qu'il deviendrait journaliste sportif.

Vingt-trois ans plus tard, son fils suivait ses traces. D'abord comme archiviste durant ses étés de cégep. En avril 2016, son diplôme d'ATM en poche, Jasmin a débuté comme stagiaire dans la salle des nouvelles pour finalement être embauché à temps plein. Lui non plus ne s'est jamais posé de questions sur son plan d'avenir. En plus de Stéphane, sa mère Manon a travaillé au département du marketing de RDS pendant plusieurs années.

« J'ai grandi toute ma vie avec RDS. Il y a peut-être eu trois semaines en secondaire cinq où je voulais devenir avocat, mais ça m'a passé. J'avais 6 ou 7 ans et dans ma tête je me voyais journaliste à RDS », raconte celui qui anime et décrit une panoplie d'événements sportifs allant du hockey, au soccer, en passant par le football et le baseball.

Stéphane renchérit en affirmant qu'il a su très tôt que la relève familiale était assurée.

« Quand Jasmin avait 8 ou 9 ans, je jouais dans une ligue de balle molle. Il venait au parc et il voulait s'asseoir à côté du marqueur pour savoir comment on marque les points. J'ai une photo à la maison qui date de 2004. On est allés au dernier match des Expos à New York et Jasmin est dans les estrades avec la carte de pointage. Il avait une prédisposition à ça. Un peu comme les fils de joueurs de hockey, il est tombé dedans comme Obélix dans la potion magique. »

Jasmin et Stéphane Leroux

La dynamique familiale a certainement été teintée par le calendrier du hockey junior. Papa n'était jamais à la maison le jour de Noël, en raison du Championnat mondial. Le souper familial se déroulait autour du 21 décembre, juste avant son départ.

« Dans ma tête, il a toujours été parti dans le temps des Fêtes. J'ai toujours aimé ce tournoi là parce que c'était du bon hockey, mais aussi parce que ça me permettait de le suivre les années où il était en Europe et qu'on s'appelait avec des longs décalages horaire », se rappelle Jasmin. « Maintenant, je travaille sur le championnat du monde avec lui alors, encore aujourd'hui, on fait le souper de Noël le 21 ou le 22 décembre. J'ai la même réalité que lui dans le temps des Fêtes. »

Fiston a aussi pu compter sur un « coach » par excellence pour l'aider à grandir dans le métier. Stéphane a été clair dès le départ:  « Je peux te dire que tout ce que tu fais c'est bon, mais si tu veux t'améliorer, je peux t'aider sur certaines affaires. »

Selon lui, Jasmin a toujours été très réceptif à ses commentaires. D'ailleurs, tout en développant son style et sa polyvalence, le jeune homme de 29 ans n'a jamais eu peur de porter l'étiquette du « fils de », loin de là.

« J'ai toujours été super fier d'être le fils de Stéphane Leroux. Je n'essaie pas de me cacher de ça, au contraire. Est-ce que ça m'a aidé à certains moments au début? Assurément et je ne le nie pas. Sauf que depuis ce temps-là, quand je fais de la NFL ou un match du CF Montréal, je sais que ce n'est pas à cause de mon père que je me suis rendu là. C'est une fierté aussi. Le pire là-dedans c'est ma soeur qui durant toute sa jeunesse a été “la fille de” et maintenant c'est “la fille de” et “la soeur de” ! »

Stéphane nous rassure aussitôt en affirmant que la cadette Véronique vit bien avec la situation.

Même s'ils essayaient, le père et le fils ne pourraient se renier. La ressemblance physique est frappante et leur complicité l'est encore plus. Stéphane souligne toutefois, sans hésitation, un trait de caractère qui les différencie.

« Parfois, j'ai l'air distant ou hautain, mais je pense que c'est parce que fondamentalement je suis gêné. Quand quelqu'un vient me voir dans un aréna pour me serrer la main et me féliciter, c'est gratifiant mais mosus que ça me met mal à l'aise. Lui, il compose avec ça mieux que moi. Je lui ai déjà dit que si j'avais quelque chose à recommencer ce serait ça, d'être plus souriant, de plus aller vers les gens. »

Le duo se complète tellement bien qu'ils ont déjà échangé leurs rôles à l'écran en plein match de hockey! Durant le quatrième et dernier match de la finale de la LHJMQ en mai 2024, Stéphane décrivait le duel entre les Voltigeurs et le Drakkar, alors que Jasmin faisait office d'animateur près de la patinoire. Une extinction de voix force le paternel à prendre une décision après la première période. Il demande de changer de place avec son fils pour que les téléspectateurs soient mieux servis.

« On s'est croisé pendant que je montais et lui descendait. On s'est presque donné la tague » se rappelle Jasmin qui s'est donc retrouvé à décrire le triomphe de Drummondville à pied levé. « On se prépare quasiment de la même manière pour nos matchs. C'était facile pour moi. Je suis arrivé, j'avais ses notes et je me retrouvais très bien. »

Cette anecdote demeure un des beaux moments que les Leroux ont vécu ensemble sur le plan professionnel, mais n'est qu'une des nombreuses histoires parmi leurs moments partagés.

« Je sais qu'il ne travaillera pas 35 autres années. Je me demande combien de temps on va pouvoir faire ça ensemble et je ne le sais pas. J'en profite pendant que ça dure » explique Jasmin. « Je trouve ça extraordinaire de vivre ça avec lui. On vit des belles années. On joue à la balle molle ensemble, on joue au golf ensemble, on travaille ensemble. C'est fantastique. On ne peut pas demander mieux » résume Stéphane.

Surtout que l'automne prochain, Jasmin et sa femme Roxanne accueilleront leur premier enfant. Un petit garçon qui risque de se faire raconter beaucoup d'histoires d'arénas, de balle molle et de studios de télévision.

Bruno Gervais, Jasmin Leroux, François-Étienne Corbin et Stéphane Leroux