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Un pas de plus vers le rêve pour Mathieu Turcotte

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Mathieu Turcotte

MONTRÉAL – Mathieu Turcotte n'avait que 17 ans quand il s'est mis à rêver d'atteindre les postes les plus prestigieux de la profession d'entraîneur. Au cœur de ses ambitieuses aspirations, la tête de l'équipe canadienne des moins de 20 ans a toujours eu une place de choix.

Le jeune quarantenaire s'est approché encore un peu plus de cet objectif cette semaine en étant nommé entraîneur-chef de l'équipe qui ira défendre son titre à la Coupe Hlinka Gretzky en août en Tchéquie.

« J'ai toujours voulu être l'entraîneur-chef d'une Équipe Canada, alors avoir la possibilité de faire partie de trois équipes en neuf mois, c'est un peu surréel honnêtement », confiait Turcotte à RDS au lendemain de sa nomination mercredi.

En effet, le Montréalais a abattu des jalons significatifs sur son chemin professionnel dans la dernière année. En novembre, il a mené Équipe Canada Blanc à la conquête de l'or au Défi mondial des moins de 17 ans. Quelques mois plus tard, il était l'adjoint de Cory Stillman dans le triomphe canadien au Championnat du monde des moins de 18 ans.

Le voilà maintenant de retour aux commandes d'un groupe envers qui les attentes seront grandes. Le Canada a remporté les trois dernières éditions de cette compétition qui met en scène les plus beaux espoirs du prochain repêchage de la Ligue nationale. Un retour au pays avec autre chose qu'une récompense platine au cou serait considéré comme une déception.

Mais Turcotte est optimiste. Il se sait bien entouré et les résultats qu'il a été en mesure de décrocher dans la dernière année le confortent dans ses capacités à mener ses troupes aux grands honneurs.

« Ça donne confiance. Je te dirais qu'il y a beaucoup de familiarité aussi avec ce groupe-là. Évidemment, il y avait deux groupes aux moins de 17 ans, mais les joueurs qui étaient de l'autre côté et que je connaissais moins, j'ai eu la chance d'en côtoyer quelques-uns aux moins de 18 ans. »

« Je pense que la familiarité avec le groupe qui s'en vient, c'est peut-être une des raisons pour lesquelles j'ai eu le poste et certainement une raison pour laquelle je me sens confiant avec ce groupe. Je connais bien tous les joueurs, leurs forces, leurs faiblesses, et j'ai eu l'opportunité d'établir des bonnes relations avec eux. »

Turcotte fait notamment référence à l'important contingent de défenseurs qu'il a dirigés aux derniers Mondiaux et qu'il aura de nouveau à sa disposition. Le Québécois Xavier Villeneuve fait partie du lot. « Ryan Lin, Daxon Rudolph, Keaton Verhoeff, Carson Carels, ce sont tous des défenseurs plus jeunes qui vont faire partie du camp qui s'en vient dans dix jours », énumère le coach.

Le prodige de 17 ans Gavin McKenna ne sera pas au service de Turcotte pour cette mission européenne, mais le jeune défenseur Landon Dupont, un espoir de premier plan en vue du repêchage de 2027, devrait être de la partie.

Un rare Québécois

Peu de Québécois ont dirigé l'équipe canadienne à la Coupe Hlinka Gretzky. Turcotte sera seulement le troisième depuis le début du présent millénaire, après André Tourigny en 2018 et Stéphane Julien en 2022.

L'environnement de Hockey Canada n'est pas réputé pour être le plus accueillant pour les dirigeants de la Belle Province. Au fil des années, plusieurs entraîneurs d'ici sont ressortis désillusionnés et aigris de leur passage dans le programme frappé de la feuille d'érable. Ce n'est pas le cas de Turcotte, pour qui la réalité est jusqu'à maintenant à la hauteur du rêve qu'il caressait.

« C'est même meilleur que ce que j'aurais imaginé », embellit-il.

« En tant que Québécois, souvent tu te fais dire que quand tu montes les rangs, tu as moins d'opportunités. C'est totalement faux d'après ce que je vois. J'adore coopérer, travailler avec tout le monde à Hockey Canada. [...] Ça te permet de challenger tes propres perceptions comme entraîneur. Tu vas chercher d'autres expériences en travaillant avec les meilleurs joueurs au monde. Il y a plein de choses que tu peux apprendre des joueurs. L'expérience pour moi surpasse ce que je pouvais avoir en tête quand j'en rêvais dans ma jeunesse. »

Turcotte note que quatre des cinq membres du personnel d'entraîneurs qu'il chapeautait avec les U17 provenaient de la LHJMQ. « Pas tous des Québécois, mais ils venaient de notre ligue », précise-t-il.

À la Coupe Hlinka Gretzky, l'ancien pilote de l'Armada de Blainville-Boisbriand sera épaulé par l'entraîneur des gardiens Antoine Samuel de Lac-Etchemin et l'entraîneur vidéo Jonathan Deschênes de Québec. Les trois hommes sont notamment passés par le programme des Chevaliers de Lévis dans la Ligue de développement M18 AAA.

Turcotte et Deschênes faisaient partie du même staff quand les Chevaliers ont commencé leur saison avec 34 victoires consécutive en 2018-2019. « Ça va être très spécial de pouvoir travailler avec Jo », anticipe-t-il.

Patience post-Armada

Il est inhabituel que l'entraîneur du Canada à cet important événement estival n'ait pas de club à rejoindre à son retour à la maison. Ça sera le cas de Turcotte, qui est toujours sans emploi après avoir été remercié par l'Armada à la fin de la dernière campagne.

Deux mois après avoir encaissé la nouvelle, celui qui cumule neuf années d'expérience dans la LHJMQ continue d'avancer en se concentrant sur le positif.

« C'est toujours surprenant, évidemment, de se faire congédier, mais j'ai toujours vu ça comme quelque chose qui allait m'arriver à un moment donné. Scotty Bowman s'est déjà fait congédier, alors Mathieu Turcotte peut certainement se faire congédier aussi. »

« C'est un petit speed bump dans une carrière, mais c'est une occasion de me concentrer sur mon programme. Que ça soit au niveau de la communication ou dans ma façon de mettre en place une culture, ça me donne l'occasion de réexaminer comment je travaille, chercher d'autres opinions, trouver des façons de m'améliorer. »

Turcotte, qui demeure sous contrat avec l'Armada pour la prochaine saison, dit avoir reçu des appels d'équipes « d'autres ligues, mais rien d'assez intéressant comme défi en ce moment. »

« En tant qu'entraîneur, tu ne veux pas juste sauter sur une occasion parce que c'est la première. Ça prend un bon fit, que ça soit au niveau des propriétaires, du DG... C'est important d'être patient et de prendre la bonne opportunité plutôt que la première. C'est une erreur que je n'entends pas faire dans la prochaine année. »