Lutte

L'arbitre Jimmy Korderas se remémore Hulk Hogan

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Même quand la Hulkamania prenait de l'ampleur partout dans le monde, Hulk Hogan traitait Jimmy Korderas comme l'un des siens, s'est rappelé le Torontois et ancien arbitre de la WWE.

Lorsque Korderas s'est joint à ce qui s'appelait alors la WWF, en 1985, une de ses premières tâches était d'aller chercher des lutteurs à l'aéroport et à les conduire au Maple Leaf Gardens.

« Hulk a été l'un des premiers que j'ai dû aller chercher. Il m'a tout de suite mis à l'aise et m'a fait sentir à ma place », a dit Korderas.

Un jour, alors qu'il raccompagnait Hogan et sa femme de l'époque, Linda, Korderas a vu Hogan dans le rétroviseur tandis que Linda s'extasiait sur Toronto.

« Linda parlait sans arrêt de la beauté de la ville, c'était sa première fois ici. Je voyais les yeux de Hulk s'exclamer 'Oh là là', s'est remémoré Korderas, en riant.

« Quand on est arrivés, il m'a pris à part et m'a dit 'je suis désolé mon frère'. J'ai dit 'pourquoi?' Il a répondu 'elle n'arrêtait pas de parler'. J'ai ri, et lui aussi. C'était dans sa nature. »

Hogan, né Terry Gene Bollea, est décédé jeudi, à 71 ans.

En tant que visage principal de l'âge d'or de la lutte professionnelle, il a été l'une des figures les plus emblématiques des années 1980.

Korderas a arbitré de nombreux matchs de Hogan. Il se sentait alors « comme un enfant dans un magasin de bonbons ».

« On essaie de contenir ses émotions au travail, mais en même temps, on se dit 'mon Dieu, je suis là avec Hulk Hogan! », a dit l'homme de 63 ans.

« C'était lui la grande vedette. Il était le catalyseur. Sans lui, je ne pense pas que la lutte aurait connu un tel essor et que ce serait devenu la force planétaire que c'est maintenant. »

Korderas se souvient très bien d'avoir arbitré plusieurs combats acharnés entre Hogan et Mr. Perfect, mais un autre est particulièrement marquant: lors du premier Survivor Series, en 1987, quand l'équipe de Hogan a affronté celle d'Andre The Giant.

« J'ai cette photo de moi et de Joey Marella (un autre arbitre) sur le ring, essayant de séparer André et Hulk, dit-il. D'autres gars ont eu droit à une excellente réaction de la foule, des acclamations ou des huées, mais c'était différent quand Hogan arrivait sur le ring.

« Il se montrait sous les projecteurs, tendait la main sous l'oreille et il prenait la pose. Les réactions étaient fabuleuses. Il savait que c'était plus une question de divertissement que de technique proprement dite, dans la lutte professionnelle. »

En 2002, Hogan a rappelé au monde entier sa capacité inégalée à comprendre la foule durant WrestleMania 18 à Toronto, face à The Rock.

Hogan était fermement campé dans son personnage de méchant « hollywoodien », tandis que The Rock était un des « gentils ». Le public torontois a toutefois inversé la donne en se rangeant derrière Hogan.

Korderas n'arbitrait pas le match mais il s'est faufilé pour le regarder en direct et plusieurs lutteurs ont fait de même, selon lui.

« La foule les a littéralement amenés à changer de rôle. Ils soutenaient Hogan parce qu'ils se souvenaient de lui comme de leur super-héros du passé », se souvient-il.

« Demandez à tous ceux qui étaient là, dans la foule ou dans les vestiaires. Le bâtiment tremblait littéralement sur ses fondations lorsque ces deux-là se dévisageaient. »

Korderas raconte qu'en coulisses, Hogan le traitait comme faisant partie des gars, incluant les taquineries.

Dans les années 80, Vince McMahon, alors PDG, imposait une interdiction stricte de fumer à la WWE. Korderas se souvient avoir fumé une cigarette en cachette avant de monter dans un ascenseur, et avoir trouvé McMahon, Hogan, Brutus Beefcake et plusieurs autres lutteurs à l'intérieur.

« Pendant tout le trajet, Vince m'enguirlandait sur les méfaits du tabac, raconte Korderas. Pendant qu'il faisait ça, Hulk me donnait des petits coups de coude dans le dos, ce qui me faisait sursauter.

« Vince me demandait 'ça va? Il y a quelque chose qui ne va pas?'. J'ai répondu 'non, ça va'. Et pendant tout ce temps, tout le monde riait. Hulk était donc aussi un peu un farceur, de temps en temps. »