La bonne combinaison peut propulser un sauteur à ski vers la plus haute marche du podium. Et la mauvaise peut le clouer au sol.
Le saut à ski est confronté à une crise grandissante à six mois des Jeux olympiques d'hiver de Milan-Cortina, après que la première compétition de haut niveau de la nouvelle saison eut entraîné la disqualification de plusieurs athlètes en raison des combinaisons frauduleuses. L'organisation qui chapeaute la discipline a déclaré que c'est « tout à fait normal ».
L'univers du saut à ski a été ébranlé en mars dernier aux Championnats du monde, à la suite de la découverte d'un stratagème de l'équipe norvégienne pour modifier les combinaisons. La Fédération internationale de ski (FIS) a enquêté sur les dirigeants et les athlètes en lien avec ce stratagème frauduleux, qui permet aux sauteurs de survoler de plus grandes distances dans les airs puisque les combinaisons sont élargies à cette fin.
Lors de la première compétition de la saison 2025-26 samedi — une épreuve estivale de la série Grand Prix disputée sur une surface artificielle en France —, six sauteurs ont été disqualifiés en raison d'enjeux liés aux combinaisons, dont la taille au niveau du bassin, et trois autres ont été «écartés du départ». Un autre athlète japonais n'a pas pu participer à la compétition qui s'est poursuivie dimanche.
La fédération a indiqué à l'Associated Press dans un communiqué transmis par courriel qu'elle considère cette vague de disqualifications comme étant naturelle puisqu'elle a dû resserrer ses règlements, à la suite du scandale impliquant l'équipe norvégienne.
Le directeur de course de la FIS, Sandro Pertile, a mentionné qu'il ne croit pas que ces athlètes tentent de tricher, et il croit qu'il y aura de moins en moins de disqualifications alors que les équipes s'adapteront aux nouveaux règlements. Il a ajouté que la fabrication de combinaisons spécialisées pour le saut à ski «est particulièrement complexe».
« Il est tout à fait normal que les équipes mettent du temps à s'adapter à la nouvelle réglementation après que de tels changements aient été adoptés. Certains parviennent à s'y adapter immédiatement, alors que d'autres doivent redoubler d'efforts », a expliqué Pertile à l'AP.
« Il est également important de souligner que ces disqualifications sont attribuables à des enjeux techniques — il n'y a aucune mauvaise intention », a-t-il ajouté.
La FIS a indiqué que neuf autres sauteurs et cinq sauteuses n'ont pu participer à la compétition à la suite du processus «d'approbation technique», bien qu'on ignore toujours si ces décisions sont attribuables à leurs combinaisons.
Parmi les sauteurs disqualifiés samedi se trouve le Norvégien Kristoffer Eriksen Sundal, qui avait déjà été suspendu provisoirement plus tôt cette année, après les Mondiaux de saut à ski.
Cinq Norvégiens accusés de « manipulations »
Deux médaillés d'or olympiques et trois membres du personnel de l'équipe norvégienne ont été accusés de fautes éthiques par la FIS à la suite d'une enquête portant sur les combinaisons trafiquées.
La FIS a dit lundi que les sauteurs étoiles Marius Lindvik et Johann André Forfang, deux entraîneurs et un membre du personnel de soutien ont été accusés en vertu des règlements éthiques et compétitifs, à la suite d'une enquête sur l'« équipement trafiqué ».
Les accusations ont été déposées six mois avant les JO d'hiver. La FIS a mentionné que son comité d'éthique tranchera sur les accusations et pourrait imposer des amendes ou des suspensions. On ignore à quel moment ces décisions seront prises.
La FIS a souligné que les enquêteurs avaient rencontré 38 témoins et examiné 88 pièces à conviction, et a ajouté que personne d'autre ne sera épinglé en lien avec ce dossier.