Gabriel Diallo admet que les choses peuvent vite changer en un an.
À la même date l'an dernier, le tennisman montréalais s'apprêtait à disputer les qualifications des Internationaux de France. Il allait s'imposer et ensuite se « tremper les pieds dans la piscine », en disputant un premier match en carrière dans le tableau principal d'un tournoi du Grand Chelem.
Cette fois, Diallo retournera à la porte d'Auteuil déjà inscrit au tableau principal en vertu de son 54e rang mondial. Il vient d'atteindre les quarts de finale à l'Omnium de Madrid, a gagné ses deux premiers matchs en Grand Chelem à la fin de l'été dernier aux Internationaux des États-Unis et a également franchi le premier tour aux Internationaux d'Australie, à Melbourne, en janvier.
« Mon bagage d'expérience est rendu beaucoup plus gros et je veux en tirer avantage, a dit Diallo en visioconférence, plus tôt cette semaine. Je suis mieux préparé et mes attentes sont différentes aussi, même si c'est un tournoi sur terre battue et que ce n'est pas la surface sur laquelle j'ai grandi. »
Diallo s'est retrouvé sous les projecteurs ces dernières semaines, pendant la saison sur terre battue. Il a atteint les quarts de finale à Madrid, éliminant notamment le Bulgare Grigor Dimitrov, 16e au classement mondial, en ronde des 16.
Modeste, Diallo a noté que l'altitude, la chaleur et le peu de terre battue sur les terrains madrilènes rendaient les conditions plus rapides qu'à l'habitude sur cette surface de jeu, ce qui favorise ceux qui sont habitués de jouer sur le dur, comme ses compatriotes canadiens et lui. Néanmoins, le jeune homme âgé de 23 ans reconnaît que son jeu a évolué au cours de la dernière année.
« J'ai rajouté la dimension de service volée, peu importe la surface ou les conditions, alors qu'avant je l'utilisais surtout sur le gazon ou sur le dur. Je me déplace mieux que l'an passé sur la surface, qui représente un défi pour moi, parce que je n'ai pas grandi en jouant sur la terre battue. Et je suis grand, donc je suis plus à risque de perdre l'équilibre », a noté Diallo, qui mesure six pieds huit pouces et pèse 198 lb.
« Je varie aussi plus mon service et j'ai un meilleur pourcentage de premières balles. Je commets moins de fautes directes », a-t-il ajouté.
Diallo a expliqué ces progrès grâce à deux ajouts au sein de son entourage.
Il a d'abord noté l'embauche d'un physiothérapeute «presque à temps plein», pour s'assurer que son corps soit en mesure de répondre aux exigences du calendrier de l'ATP.
Puis, Diallo a vanté l'influence positive de Martin Laurendeau, entraîneur chez Tennis Canada qui le côtoie depuis quelques années dans sa transition chez les professionnels.
« Il a une sérénité et une approche stoïque dans sa manière d'entraîner. Moi, venant d'un milieu universitaire où c'était très strict, ça m'aide, a expliqué Diallo. Il est patient avec moi. Il sait que mon meilleur tennis va venir quand j'aurai 26 ou 27 ans. »
À son baptême dans le tableau principal d'un tournoi majeur l'an dernier à Roland-Garros, Diallo avait perdu en cinq manches contre le Japonais Kei Nishikori. Il croit être mieux équipé cette année pour gagner sur la mythique terre orange parisienne.
Il est aussi conscient que le défi sera grand, alors que le calibre est très relevé.
« Que vous soyez 50e ou 80e au classement, ça ne change rien, à moins que vous soyez dans les 32 têtes de série. Mais même là, il y a tellement de profondeur qu'il y a des gars qui ne sont pas des têtes de série que vous ne voulez pas voir dans votre parcours sur le tableau », a dit Diallo.
« Je crois pouvoir bien faire, a-t-il enchaîné. J'ai bien joué à Paris l'an dernier, même si j'ai perdu. J'ai beaucoup appris de cette expérience et je crois pouvoir causer des dégâts cette année. »
Il reste maintenant à voir s'il pourra appuyer ses dires avec des actions concrètes. Le tirage au sort pour le tableau principal des Internationaux des France aura lieu le 22 mai, puis le tournoi s'ébranlera officiellement le 25.